En 10 ans, si la mobilité domestique des Français a peu augmenté, la forte augmentation de leurs déplacements internationaux s’accompagne d’une nette hausse des émissions de gaz à effet de serre.

Données
Actualité publiée le 8 décembre 2022
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L’Autorité de régulation des transports (ART) publie son deuxième rapport multimodal intitulé « Le transport de voyageurs en France – État des lieux des mobilités courte et longue distances (volume 2) : évolutions des mobilités depuis 2008 et pendant la crise sanitaire au regard de leur impact environnemental ». Ce deuxième rapport multimodal, dresse un panorama de l’évolution de la mobilité des Français entre 2008 et 2019 et apporte un éclairage sur son impact environnemental. Il présente une analyse des conséquences de la crise sanitaire de la Covid-19 sur les mobilités en 2020 et 2021, ainsi qu’un focus sur le développement des services numériques de mobilité. Devenu un régulateur sectoriel multimodal à la suite de l’extension de ses compétences à plusieurs secteurs du transport entre 2015 et 2019, l’ART analyse, avec la publication de ce deuxième rapport, de manière transversale les différents segments du marché des transports, conformément à ses orientations stratégiques pour 2021-2022.

EN 2019, LES MOBILITÉS LONGUE DISTANCE DES FRANÇAIS PÈSENT UN PEU PLUS DE 1 % DES DÉPLACEMENTS EFFECTUÉS, MAIS REPRÉSENTENT PRÈS DE LA MOITIÉ DES DISTANCES PARCOURUES ET DES ÉMISSIONS DE CO2

En 2019, les Français ont parcouru 1 001 milliards de kilomètres. Si 99 % des 62 milliards de déplacements s’effectue sur de courtes distances, pour des motifs variés (professionnels, scolaires, de loisirs ou personnels), les mobilités à longue distance sont réalisées principalement pour les loisirs et les voyages et couvrent 45 % de la distance totale parcourue. Ces mobilités à longue distance, principalement effectuées en véhicule particulier ou en avion, contribuent en conséquence aux émissions de gaz à effet de serre dans une proportion similaire aux mobilités courte distance, qui restent, quant à elles, largement effectuées en véhicule particulier.

LES MOBILITÉS À COURTE DISTANCE VOIENT LA PART MODALE DES TRANSPORTS COLLECTIFS ET DES MODES ACTIFS, TELS QUE LE VÉLO ET LA MARCHE, PROGRESSER LÉGÈREMENT

Portée par une hausse des déplacements pour motifs de loisirs et de visites, l’évolution des mobilités courte distance (+ 3 % de déplacements) témoigne d’une légère augmentation (1 point de pourcentage) tant de la part modale des transports collectifs que de celle des modes actifs depuis 2008. Cette progression ne permet toutefois pas de limiter la hausse des gaz à effet de serre, liée à l’augmentation de la distance moyenne des déplacements en véhicules particuliers. 40 % des trajets en voiture s’effectuant cependant sur de très courtes distances (inférieures à 5 km), une évolution vers des mobilités courte distance plus sobres en émissions carbone apparaît possible.

DU FAIT DE L’ESSOR DES DÉPLACEMENTS INTERNATIONAUX EN AVION, LES MOBILITÉS À LONGUE DISTANCE AUGMENTENT FORTEMENT SUR LA PÉRIODE 2008-2019, ET S’ACCOMPAGNENT D’UNE HAUSSE DES ÉMISSIONS DE GAZ A EFFET DE SERRE

L’essor des déplacements internationaux en avion sur dix ans explique la hausse de, respectivement, 8 % et 35 % des déplacements et kilomètres parcourus, dans le cadre des mobilités à longue distance. Cet essor qui a bénéficié à la population française dans son ensemble, est toutefois, proportionnellement, porté en premier lieu par le quart le plus aisé de la population. Dans le cadre des déplacements domestiques, le déploiement d’offres de transport à bas coûts explique la hausse de fréquentation des transports en commun. Ces évolutions s’accompagnent d’une forte hausse des émissions de gaz à effet de serre, même si une amélioration de l’efficacité énergétique du transport aérien peut être notée.

SI L’IMPACT DE LA CRISE SANITAIRE SE RÉSORBE RAPIDEMENT, IL A CONSTITUÉ UN CHOC MAJEUR POUR L’ENSEMBLE DES TRANSPORTS COLLECTIFS

La crise de la Covid-19 a eu pour effet de réduire la fréquentation de 24 % sur l’ensemble de l’année 2020 par rapport à 2019. Si les transports aériens et par autocar ont particulièrement pâti de cette crise, le véhicule particulier et les modes doux ont connu des baisses moins fortes et une reprise plus rapide. La contraction de l’offre apparaît plus différenciée selon les modes : les transports régionaux sont ainsi caractérisés par un maintien de leur offre à un niveau assez proche de 2019, du fait d’une demande de continuité des services par les autorités organisatrices de la mobilité. Ces évolutions s’accompagnent d’une baisse des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports estimée à 17 % en 2020.

LE FORT DÉVELOPPEMENT DES SERVICES NUMÉRIQUES DE MOBILITÉ DEPUIS 2010 N’A PAS ENCORE UN IMPACT SIGNIFICATIF SUR L’INTERMODALITÉ ET LES CHOIX MODAUX

Les services numériques de mobilité – outils de recherche d’information en temps réel, de calcul d’itinéraires ou de billettique – sont devenus complémentaires aux services de transport et forment une offre « augmentée » indispensable aux opérateurs pour répondre aux nouvelles habitudes des usagers des transports. Si leur développement s’accompagne d’une hausse de la part de vente de billets par le biais des canaux numérisés (smartphone, etc.), leur impact sur les modes de transport utilisés, sur le report modal de la voiture vers d’autres modes de transport par exemple, ou sur la progression des voyages s’appuyant sur plusieurs modes de transport différents (intermodalité) n’est pas avéré à grande échelle. Les bénéfices attendus en termes de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ne sont en conséquence pas encore observés.

 

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