L’Autorité de régulation des transports (ART) publie ce jour son rapport sur le marché français du transport ferroviaire en 2023 (« L’Essentiel »). Le mode ferroviaire a connu, en 2023 comme en 2022, une forte hausse de fréquentation des voyageurs, qui s’est accompagnée d’une hausse des prix – toutefois modérée au regard de l’inflation depuis 2019 – et d’une dégradation de la qualité de service. Le trafic de fret a quant à lui fortement reculé. L’état du réseau ferroviaire nécessite toujours d’importants besoins de financement pour son entretien et son renouvellement, condition indispensable à l’amélioration de la qualité de service.
MALGRÉ UNE CONTRACTION DE L’OFFRE FERROVIAIRE, LA FRÉQUENTATION DES TRAINS EST DE NOUVEAU EN FORTE HAUSSE EN 2023
En 2023, la fréquentation des trains a augmenté de 6 %. Elle dépasse ainsi le niveau de 2019 de 21 % pour les services conventionnés TER et Intercités et de 6 % pour les services de trains aptes à la grande vitesse (TAGV).
Cette hausse de fréquentation a été observée malgré une baisse de l’offre ferroviaire à grande vitesse de près de 3 % depuis 2019. La baisse de l’offre ferroviaire à grande vitesse constatée en 2023 s’explique à la fois par des mouvements sociaux mais aussi par la réduction du parc de TAGV exploités en France, en baisse de près de 40 trains depuis 2019. Il en résulte une poursuite de la hausse des taux d’occupation TAGV, qui atteignent un nouveau record de 76 % en 2023.
La fréquentation des services Transilien-RER en Île-de-France a en revanche chuté de 6 % depuis 2019, parallèlement à la forte baisse de l’offre (-7 %) constatée sur la même période.
LE TRAFIC FRET A FORTEMENT RECULÉ EN 2023
La chute du trafic de fret, entamée au second semestre 2022, s’est confirmée en 2023 (-17 % de tonnes.km) pour des raisons multiples (hausse des coûts de l’énergie, mouvements sociaux, éboulement de la Maurienne), affectant plus fortement le transport combiné mais induisant, pour l’ensemble du secteur, une dégradation de la profitabilité.
Fret SNCF, engagé depuis 2024 dans un plan de discontinuité, reste l’opérateur majoritaire avec une part de marché de 48 %.
EN QUATRE ANS, LES PRIX DU TRANSPORT FERROVIAIRE ONT AUGMENTÉ MOINS FORTEMENT QUE L’INFLATION
Depuis 2019, l’augmentation moyenne des prix (+5 %) reste inférieure à l’inflation globale (+15 %). Cependant, les prix du transport ferroviaire ont augmenté entre 2022 et 2023, avec une hausse plus prononcée pour les services à bas coûts (+10 %) que pour les autres services domestiques à grande vitesse (+6 %). Cette augmentation, conjointe à la hausse de l’emport des trains, a assuré aux entreprises ferroviaires une hausse de leurs revenus, qui retrouvent leur niveau de 2019. Ceux-ci sont toutefois affectés parallèlement par une hausse, d’une ampleur annuelle similaire, des coûts de péage et d’énergie.
BIEN QU’ELLE RESTE PROGRESSIVE, L’OUVERTURE À LA CONCURRENCE S’ACCOMPAGNE D’UNE HAUSSE DE L’OFFRE ET DE LA FRÉQUENTATION AINSI QUE D’UNE BAISSE DES PRIX
S’agissant des services librement organisés de voyageurs, le marché reste largement dominé par SNCF Voyageurs, malgré l’arrivée effective de nouveaux entrants. L’arrivée depuis 2022 des nouveaux opérateurs Renfe Viajeros et Trenitalia France a généré une hausse de l’offre ferroviaire de près de 15 % sur les liaisons concurrencées, une hausse de la fréquentation (+10 %) sur l’axe Paris-Lyon ainsi que des prix restant inférieurs de plus de 10 % aux niveaux observés avant ouverture à la concurrence.
S’agissant des services conventionnés, 7 « lots » de services conventionnés ont fait l’objet d’une attribution concurrentielle à la fin de l’année 2024 et ont ainsi bénéficié d’incitations accrues à la performance (en matière de coûts et qualité de service). Le nombre de processus d’appels d’offres en cours reste cependant encore faible au regard du nombre de lots (près de 50 annoncés) devant faire l’objet d’une mise en concurrence d’ici 2033 au plus tard.
LE FINANCEMENT DES INFRASTRUCTURES RESTE INSUFFISANT AU REGARD DES BESOINS DE MAINTENANCE ET D’INVESTISSEMENT DU RÉSEAU FERROVIAIRE
Alors que les actions de régénération avaient permis un rajeunissement important du réseau ferroviaire jusqu’en 2019, elles ne permettent plus qu’une stabilisation de son âge à 28,4 ans. Les efforts en la matière demeurent ainsi insuffisants pour converger vers les objectifs de renouvellement des voies poursuivis par SNCF Réseau. Il en va de même en ce qui concerne les objectifs de modernisation du réseau (déploiement du système européen de gestion du trafic – ERTMS – et de la commande centralisée du réseau), qui apparaissent difficiles à atteindre. Enfin, après trois années de baisse, les dépenses d’entretien sont en hausse en 2023 (hors inflation), sans pour autant rejoindre leur niveau de 2019.
LA QUALITÉ DE SERVICE DE L’OFFRE FERROVIAIRE S’EST DE NOUVEAU DÉGRADÉ EN 2023
L’année 2023 a été marquée par une baisse à la fois du nombre de trains programmés (singulièrement en ce qui concerne les services à grande vitesse), un moindre taux de réalisation de l’offre programmée (du fait des mouvements sociaux) et une chute du taux de ponctualité constatée pour l’ensemble des services ferroviaires. Le taux de réalisation de l’offre ferroviaire ponctuelle (le nombre de trains ayant effectivement circulé et arrivant à l’heure à leur terminus par rapport au nombre de trains prévus) a notamment de nouveau chuté (de 81 % à 78 %), affectant l’ensemble des services ferroviaires domestiques.
Consulter :
- Le marché du transport ferroviaire en France en 2023 – L’Essentiel
- Les tableaux de bord digitalisés sur le marché français du transport ferroviaire de voyageurs et de fret
- Les jeux de données en open data