Paris, le 27 février 2025 – L’Autorité de régulation des transports (ART) publie ce jour son rapport intégral sur le marché français du transport ferroviaire en 2023. Il vient compléter l’Essentiel du marché du transport ferroviaire, publié en décembre 2024, au travers d’analyses thématiques portant notamment sur la qualité de service et l’organisation de l’offre ferroviaire en France. En 2023, comme en 2022, le mode ferroviaire a connu une forte hausse de fréquentation des voyageurs, en dépit d’une nouvelle baisse des circulations à grande vitesse, qui a affecté notamment les plus petites gares. Le coût élevé des services conventionnés régionaux en France témoigne que des gisements d’efficience peuvent être mobilisés dans le cadre de l’ouverture à la concurrence. L’état de l’infrastructure montre toujours des besoins forts de financement pour son entretien et son renouvellement.
DEPUIS 2015, LA FRÉQUENCE DES TAGV A DIMINUÉ DANS LA MAJORITÉ DES GARES, CE QUI N’A PAS FREINÉ – POUR LES GRANDES GARES – UNE FRÉQUENTATION EN HAUSSE DE 20%
En 2023, la fréquentation des trains a dépassé de 21 % son niveau de 2019 pour les services conventionnés TER et Intercités.
Pour les services de trains aptes à la grande vitesse (TAGV), la fréquentation a dépassé de 8 % son niveau de 2019, en dépit d’une baisse de l’offre sur la même période représentant 9 % des circulations de trains, conduisant à un taux d’occupation record de 77 %. La baisse de l’offre ferroviaire à grande vitesse s’explique notamment par la réduction du parc de TAGV exploités en France (en baisse de près de 40 trains depuis 2019). Si elle a touché la majorité des gares, les conséquences en termes de fréquentation ont été différenciées : les grandes gares ont ainsi vu une forte progression de leur fréquentation grâce à une desserte par des matériels TAGV de plus grande capacité ; à l’inverse, dans les petites gares, où la baisse de la desserte TAGV a par ailleurs été la plus forte, la fréquentation a stagné en moyenne.
En 2023, les prix des trains à grande vitesse ont dépassé leurs niveaux de 2019 pour l’ensemble des axes commerciaux non concernés à date par l’entrée de nouveaux acteurs. Ces prix ont en effet été contenus par rapport à leurs niveaux d’avant-crise sur le seul axe Sud-Est, sur lequel s’exerce une concurrence entre l’opérateur historique et sa filiale Ouigo et les deux nouveaux opérateurs Renfe Viajeros et Trenitalia France.
APRÈS PLUSIEURS ANNÉES DE STABILITÉ, LE COÛT DES TER A NOTABLEMENT AUGMENTÉ EN FRANCE EN 2023
Les charges d’exploitation des services ferroviaires régionaux ont fortement augmenté en dépit d’une relative stabilité depuis 10 ans des péages d’infrastructures, en partie du fait de la forte hausse des coûts d’énergie.
La hausse du coût des TER n’a été que partiellement répercutée sur les prix payés par les usagers, les concours publics assurant en 2023 près des deux tiers du financement de l’activité conventionnée. La comparaison de ces coûts entre les régions témoigne cependant d’une forte variabilité et de l’existence de possibles gisements d’efficience. Par exemple, le coût ramené par passager.km reste très supérieur pour les régions Normandie et Occitanie par rapport aux autres régions. Même si elle progresse lentement (seuls 7 « lots » de services conventionnés sur 50 annoncés ont fait l’objet d’une attribution concurrentielle à la fin de l’année 2024), la mise en concurrence des services conventionnés devrait offrir, dans les prochaines années, des incitations accrues à la performance pour les entreprises ferroviaires, à la fois en termes de coûts et de qualité de service.
EN CŒUR DE NUIT, PRÈS DE 40% DE LA CAPACITÉ D’ACCUEIL DU RÉSEAU CENTRAL EST RÉSERVÉE POUR LA RÉALISATION DE TRAVAUX
Sur l’ensemble de l’année 2023, 14 % de la capacité de réservation sur le réseau ferré national a été rendue indisponible du fait de la réalisation de travaux. Ce volume apparaît en forte hausse (+6,4 % d’heures.km par rapport à 2019), sans pouvoir être expliqué par une augmentation du volume de renouvellement des composants de l’infrastructure ferroviaire, qui reste stable sur la même période. Les plages nocturnes et les portions les plus circulées du réseau ferré ont été plus fortement affectées : sur la plage comprise entre minuit et six heures du matin, près de 40 % des capacités sont rendues indisponibles par la réalisation des travaux, ce qui est susceptible d’affecter négativement le développement des circulations de trains de fret et de trains de nuit.
Les demandes de circulation sur le réseau ferré national reçoivent un taux de réponses positives en amélioration, qui s’établit à un niveau proche, en 2023, des objectifs du contrat de performance entre l’État et SNCF Réseau. Ce taux de réponse reste toutefois notablement plus bas pour le fret et les trains de nuit que pour les autres circulations.
LES EFFORTS DE RÉGÉNÉRATION ET DE MODERNISATION DE L’INFRASTRUCTURE FERROVIAIRE RESTENT INSUFFISANTS
Alors que les actions de régénération avaient permis un rajeunissement important du réseau ferré national jusqu’en 2019, elles ne permettent plus qu’une stabilisation de son âge. Celui-ci atteint, sur le réseau structurant, 22,9 ans, soit un niveau proche de celui observé en Allemagne (21,2 ans) pour des niveaux d’utilisation comparables. Malgré une hausse des dépenses d’entretien du réseau ferré en 2023 (hors inflation) faisant suite à trois années de baisse, les efforts en matière de rajeunissement demeurent ainsi insuffisants en France pour converger vers les objectifs de renouvellement et de modernisation poursuivis par SNCF Réseau. Outre l’état de la voie ferrée, celui des appareils de voie et de la caténaire annonce également des besoins accrus à venir sur l’ensemble du patrimoine ferroviaire.
Consulter :
- Le marché du transport ferroviaire en France en 2023 – L’Essentiel
- Le marché du transport ferroviaire en France en 2023 – Le rapport complet
- Les tableaux de bord digitalisés sur le marché français du transport ferroviaire de voyageurs et de fret
- Les jeux de données en open data
- Les chiffres associés à la publication du bilan complet 2023